lunes, 7 de noviembre de 2011

DIONNET: "GLÉNAT? OUI, MAIS GLÉNAT ESPAGNE" (4)


Le plus beau livre édité par Glenat Espagne, c’est sans doute celui de Fernando Fernandez, un dessinateur que vous avez peut-être croisé dans « Heavy Metal » en Amérique ou chez Glénat quand il faisait « Dracula », un petit maître attachant qui savait tout faire, il naquit à Barcelone en 1940 et qui à quinze ans, commença à être publié, c’est un autodidacte donc qui fera partie du groupe qui, grâce à Josep Toutain sur lequel je reviendrai, car j’ai des choses à dire à ce propos, fut vendu dans le monde entier, en Angleterre, au Mexique et en Espagne, et qui fit de tout : des bandes dessinées quotidiennes, des illustrations, des récits complets.
 Plus tard il alla en Argentine et croisa tous les grands qui y étaient alors comme Breccia ou Solano Lopez et le grand scénariste Osterheld, il travailla énormément comme tous les espagnols pour cette machine à imprimer qu’était la Fleetway et qui n’avait qu’un seul mot d’ordre, beaucoup de pages en noir et blanc, bien défini, puisque l’impression était pourrie, et dans les années 60/70, grande époque pour l’Espagne, il croisa d’autres grands dont il est parlé plus loin, il travailla pour l’Amérique du Nord encore mais aussi pour une collection de romans-photos, Corin Tellado, dont j’ignorais tout.
 En Espagne et en Amérique, il sera publié dans « 1984 » avec des histoires de science fiction et des héroïnes hyper sexy, et dans « Heavy Metal », puisqu’en Amérique c’est comme ça que s’appelait « Metal Hurlant », puis pour « Creepy » mais ça sera repris en France par Glénat, assez joliment car de manière très illustrative, il fit un beau « Dracula ».
 Ensuite, comme il avait beaucoup donné, suite à un incident cardiaque, il abandonna la bande dessinée et il se consacre désormais à la peinture, et il se décida de se raconter.
 Mais il se raconte d’une manière quasi unique qui me fait penser à ce beau roman qu’était les mémoires de Alain Corneau, « Projection Privée », que j’ai lu comme un roman tant il y avait d’envolées et de grâce même si l’histoire était vraie, et si les personnages qu’il rencontrait, Yves Montand ou Simone Signoret ou un jeune acteur qui allait se tourner vers les séries télé et devenir le héros des « Soprano » ont existé. Tous les deux ont une flamme définitivement romanesque.
 Chez Fernando Fernandez, elle est à la fois nostalgique et factuelle car il raconte merveilleusement l’Espagne où il a traversé en gros le franquisme puis son écroulement et son livre est un merveilleux récit où d’ailleurs il aime bien à s’isoler de lui-même, s’appelant « Fernando », se racontant comme s’il était quelqu’un d’autre.  Accessoirement le livre est beau car il est merveilleusement mis en pages, il y a des exemples graphiques de tous les dessinateurs qui l’influencèrent quand il était jeune, certains sont évidents, d’autres seront pour vous des révélations, le livre est beau et grand car il raconte merveilleusement tout. C’était un dessinateur de grand talent, pas un génie. Le problème avec les génies c’est que souvent ils ne parlent que d’eux, de leur génie.
 Il fallait un dessinateur comme lui qui avait tout observé et qui a une mémoire quasi photographique, pour dire tout et se souvenir de tout d’une manière si précise, qu’à chaque fois on a l’impression d’y être et de vivre par procuration, c’est pour cela que je dis que c’est presque un roman.
 La suite demain.

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